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Article du Paris-Normandie du 15 Septembre 2020- Viol à Bangkok

Dixie Chaillé de Néré Avocat à Rouen > Droit pénal  > Article du Paris-Normandie du 15 Septembre 2020- Viol à Bangkok

Article du Paris-Normandie du 15 Septembre 2020- Viol à Bangkok

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En voyage à Bangkok, une rouennaise a été violée par l’hôte qui l’hébergeait

Tribunal. Un ressortissant français a été condamné à une peine de 5 ans de prison pour avoir violé une Rouennaise en voyage à Bangkok qu’il hébergeait avec deux de ses amies.

 

PN  Publié par Paris-Normandie

Publié le 15/09/2020 à 07:22

 

« Ça m’a détruite. Même encore aujourd’hui j’ai du mal à avoir des relations intimes. On pense toujours que ça n’arrive qu’aux autres, mais non », éclate en sanglots une jeune femme de 30 ans à la barre de l’audience correctionnelle de Rouen, le 14 septembre 2020. « Je suis désolée, je ne voulais pas pleurer », se reprend-elle aussitôt.

À deux pas, son violeur présumé, âgé de 50 ans, est impassible. Fin mai 2014, deux amies de la jeune rouennaise lui proposent un voyage en Thaïlande. Elle s’empresse d’accepter, elle n’a jamais quitté l’Europe et a envie de voir du pays. Ses deux collègues connaissent bien les lieux, elles se sont déjà rendues à Bangkok en 2011, ça la rassure. Lors de leur premier périple, les deux touristes avaient connu « Jeannot » sur le site Couchsurfing. Cette plateforme permet de trouver des locaux prêts à accueillir bénévolement des voyageurs. L’homme, qui a vécu en Normandie dans le passé, vit en Thaïlande où il effectue des reportages pour la télévision française. Quand il apprend que ses deux pensionnaires sont de retour à Bangkok, il propose de les héberger à nouveau. Le 30 mai 2014, les trois femmes le rejoignent chez lui.

La victime se réfugie dans la salle de bain

Ils prennent l’apéritif puis sortent dans une boîte de nuit et finissent dans un bar avant de regagner leur quartier. La future victime et une de ses amies se couchent dans le lit de la fille du prévenu, la troisième hérite de la chambre du prévenu. Lui reste éveillé pour finir un travail urgent. La victime se réveille aux alentours de 4 h du matin. Elle sent la présence de l’homme dans le lit. Il est en train d’essayer de lui décroiser les jambes. Enfin, elle réalise, l’homme l’a déjà pénétrée alors qu’elle dormait, harassée par la fatigue du voyage et par la soirée qui vient de s’écouler. Elle tente d’alerter son amie qui dort à côté d’elle, sans succès. Elle s’échappe dans la salle de bain, s’enferme puis s’écroule. Pendant ce temps, son agresseur se rend dans sa chambre, où dort la troisième jeune femme et tente de la caresser avant de se faire fermement éconduire.

L’accusé n’a pas d’avocat

L’affaire, destinée à la cour d’assises, a été correctionnalisée à la demande de la victime. À l’audience, le prévenu de 50 ans a l’attitude d’un jeune homme. Il arrive lunettes de soleil sur la tête, de nombreux bracelets aux poignets, l’apparence soignée. Il est décontracté. Rien ne laisse présager qu’il risque cinq ans de prison. Rien n’annonce qu’il souffre d’une profonde dépression suite à la mort de sa fille, quatre mois plus tôt dans d’obscures circonstances. Rien ne semble l’atteindre. Quand l’étau des questions se resserre, il répond à côté visiblement mal à l’aise. Ne pouvant réprimer de temps à autre un rictus.

Il n’a pas d’avocat. Sa seule défense tient dans un dossier rouge qu’il sert contre lui. À l’intérieur, le certificat de décès de sa fille et des photos de la victime récupérées sur Facebook. « Elle dit qu’elle est traumatisée, mais ces photos datent de juste après les faits et elle a l’air de s’amuser », plaide-t-il dans une logorrhée décousue. « Si j’avais eu le moindre soupçon de rejet, je serais reparti. Ça a duré deux heures et demie, elle aurait eu le temps de le dire si elle n’était pas d’accord », ajoute-t-il.

« C’est l’horreur, un calvaire »

L’expert psychiatre explique dans son rapport que le prévenu aime les femmes. Qu’il tente sa chance dès qu’il croit voir une opportunité, sans s’embarrasser de consentement verbal. Il se fie à son interprétation du « langage corporel ». « Quand il se trompe, il se retire, mais cette fois il s’est rendu compte trop tard qu’il avait mal analysé la situation. Il fait preuve d’une grande immaturité », détaille le spécialiste.

Une peine de cinq ans

« Malgré le temps écoulé, sa vision des choses n’a pas évolué. Ce qui m’inquiète c’est que nous sommes face à quelqu’un qui refuse de se responsabiliser, de faire face à la réalité. C’est un grand narcissique, il se victimise et tente de nous instrumentaliser », s’empourpre l’avocate de la partie civile. « Il est d’une intelligence supérieure et peut être dangereux. Il a été jusqu’à fouiller dans les poubelles de Facebook pour trouver des photos où ma cliente s’amuse avec ses copines. Mais ici, on n’applique pas la charia, elle a le droit de profiter de la vie. Vous êtes, pour ce qui est des autres, un très grand moralisateur », reproche Maître Chaillé de Néré. « Il y a une absence totale de consentement. Aucun témoignage ne tend à démontrer que madame a joué le jeu de la séduction avec monsieur. Ce n’est pas une erreur d’appréciation qui l’amène à cette barre aujourd’hui, à aucun moment elle n’a pu laisser penser qu’elle désirait avoir un acte sexuel », estime le substitut du procureur.

« On peut se demander pourquoi le prévenu a dû attendre que madame dorme pour faire un premier pas. Avant il se serait exposé au risque d’un refus. Je n’ose imaginer ce que la victime a pu ressentir en se réveillant. C’est l’horreur, un calvaire », compatit le parquet. Le tribunal prononce une peine de 5 ans de détention, dont 2 ans avec sursis probatoire. L’homme, qui a du mal à intégrer la sanction prononcée, est interpellé à la barre.

Il est escorté vers une cellule de la maison d’arrêt.

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